Les nouvelles formes de terrorisme nous laissent souvent en panne de vocabulaire politique et philosophique. Cet embarras n’est pas une première, si on le compare à celui des penseurs qui, depuis la Réforme jusqu’à Hegel, ont tenté de comprendre les violences politico-religieuses de leur époque. Dans cet article, nous entreprendrons de restituer l’examen critique que ces philosophes ont fait du vocabulaire de la Schwärmerei, de l’enthousiasme, du fanatisme et de la terreur, d’une part, pour en …
Read moreLes nouvelles formes de terrorisme nous laissent souvent en panne de vocabulaire politique et philosophique. Cet embarras n’est pas une première, si on le compare à celui des penseurs qui, depuis la Réforme jusqu’à Hegel, ont tenté de comprendre les violences politico-religieuses de leur époque. Dans cet article, nous entreprendrons de restituer l’examen critique que ces philosophes ont fait du vocabulaire de la Schwärmerei, de l’enthousiasme, du fanatisme et de la terreur, d’une part, pour en marquer l’ancrage dans les conflits sociaux de leur temps, d’autre part, pour en souligner l’évolution parfois paradoxale. Nous serons ainsi conduits à souligner la modernisation de ce vocabulaire par Luther, sa naturalisation et sécularisation sous les Lumières anglaises et Kant, et enfin sa repolitisation par Hegel dans son analyse de la Terreur dans la Phénoménologie de l’esprit. Les ressources hégéliennes permettent de penser la violence terroriste comme une liberté du vide et une domination de l’abstraction, moment négatif et destructeur du devenir de l’Esprit, et en tant que tels « antipolitiques ». Sa philosophie spéculative applique aussi ce diagnostic à l’Islam, et nous terminerons par quelques remarques critiques à cet égard.