Aurélien Robert

Selon les histoires classiques de la philosophie, il aurait fallu attendre le XVe siècle pour voir le retour de Platon et de Pythagore sur la scène de la pensée. Pourtant, au XIVe siècle, bien avant la Renaissance, un noble vénitien, Marco Trevisano, écrit pour son fils un livre intitulé Du macrocosme. Il s'y définit lui-même comme un disciple des deux géants antiques et décrit l'origine du monde et sa constitution en termes mathématiques. Ce texte, encore inédit à ce jour, n'a jamais été étudié pour lui-même et dans son contexte. Aurélien Robert fait revivre la pensée de ce lettré et savant laïc, qui ne fréquentait ni université, ni couvent. Le cas de Marco Trevisano montre à quel point la philosophie du Moyen Âge ne peut être résumée aux grands noms des manuels scolaires. Et surtout, il interroge les frontières entre ce que nous appelons d'ordinaire la scolastique médiévale et l'humanisme de la Renaissance. Une étude remarquable d'une figure méconnue mais capitale."--Page 4 of cover.

Dans les grandes histoires de l’épicurisme, seul Nicolas d’Autrécourt est parfois mentionné pour le Moyen Âge en raison de son atomisme. Bien qu’il ne se dise jamais épicurien et qu’il refuserait probablement cette étiquette, il défend une thèse longtemps associée à Épicure : tout ce qui apparaît est vrai. Bien qu’il ait pu savoir qu’il s’agissait d’une thèse épicurienne, nous faisons l’hypothèse qu’il arrive à ce résultat parce que leur ambition était la même : sauver Démocrite sans tomber dans le scepticisme qui lui est attribué par Aristote. Cet article compare de manière systématique Épicure et Nicolas d’Autrécourt dans le but d’éclairer leurs théories de la connaissance.

In his commentary on Aristotle’s Physics, Nicole Oresme raises a question that he is apparently the first to ask in these terms, in such a context: do all beings have the desire to persevere into being? Before him, this question is not found in any of the medieval commentaries on Aristotle’s Physics. But after him it became canonical until at least the 16th century, since it can be found in Pietro Pomponazzi’s works for example. The novelty here consists in questioning the validity of Averroes’ thesis, in his own commentary on the Physics, according to which all beings have the desire to persist into being, using the Augustinian analysis of voluntary death and suicide. How can we explain that one can freely put an end to his days if he is naturally inclined by a desire for life and even for eternity? Oresme’s solution consists in justifying not only the possibility, but also the moral obligation to accept death under certain conditions. In most cases, we do not really want to die. The desperate man wishes to cancel his misfortune and the heroic man who sacrifices himself for his country wishes to immortalize himself in the memory of other men. From a moral point of view, Nicole Oresme justifies only one case of voluntary death: that of individual sacrifice for the common good. The aim of this paper is to analyze precisely this important turning point in the long history of the notion of conatus in the West by comparing this quaestio from the commentary on the Physics with the glosses that accompany the French translation of the Nicomachean Ethics realised by Oresme at the court of Charles V.

The aim of this paper is to show that John Wyclif’s theory of space is at once an interpretation of the Platonic theory of place and a Neopythagorean conception of magnitudes and numbers. The result is an original form of mathematical atomism in which atoms are point-like entities with a particular situation in space. If the core of this view comes from Boethius’ De arithmetica, John Wyclif is also influenced by Robert Grosseteste’s metaphysics, which includes the Boethian number theory within the Christian tale of the creation of the world ex nihilo. John Wyclif, however, adds some novelty to this theory concerning the epistemological status of this hypothetical description of the creation of the world out of atoms. First, according to Wyclif, whereas geometry is concerned with sensible and imaginable beings, arithmetic, which is purely intellectual, has access to the deep mathematical structure of the universe. He then suggests a subordination of geometry under arithmetic, which he considers the most solid basis for his metaphysics. As a result, with the attribution of numbers and units to every level of reality, it becomes possible to reform our natural imagination, so that it can imagine the atomic structure of matter and space.

Comment définir l’homme d’un point de vue médical, sans tomber dans un pur matérialisme? Voilà la question que se posèrent les médecins italiens de la fin du Moyen Âge lorsqu’ils élaborèrent une théorie complète de la notion de complexion, conçue comme « qualité substantielle » propre à l’homme, mais variant dans certaines limites en fonction de l’hérédité, du régime, de l’âge ou encore des climats et des moeurs. Dès lors, certains de ces médecins pouvaient envisager d’améliorer, par leur art, non seulement la santé, mais aussi l’humanité de chaque individu.

Le lecteur francophone peut enfin apprécier ce qui subsiste de la correspondance entre Nicolas d’Autrécourt, Bernard d’Arezzo et Gilles du Foin. Malgré les quelques lettres perdues, les deux lettres envoyées à Bernard, la lettre de Gilles et la réponse de Nicolas sont autant de témoignages remarquables des discussions philosophiques du XIVe siècle. On trouvera aussi dans ce volume, en annexe, quelques textes choisis avec soin, pertinents pour une bonne compréhension de la philosophie autrécurienne dans son contexte historique. Il s’agit d’articles condamnés dont quatre confessés et trente-deux contenus dans la cédule «Malheur à moi», des extraits de l’Exigit ordo, ainsi qu’un court texte intitulé «Proclamation présomptueuse» et des articles envoyés à Paris. Ces articles sont des rétractations sur certaines de ses positions fondamentales condamnées pour la plupart en 1347.

La querelle sugli universali si presenta come un dibattito prevalentemente ontologico che rimette in gioco l'idea stessa di sostanza ed è un realismo ontologico che non mette per forza in discussione ogni cosa, ma contempla tutta la realtà delle specie e dei generi naturali della sostanza. Gli uomini sono legati tra di loro per convenientia e questo come una semplice similitudine essenziale tra di loro e le loro essenze individuali, secondo la linea espressa da Giovanni di Pietro Olivi , Riccardo di Mediavilla , Vitale di Four , o come parte di una realtà comune, come espresso dall'altra linea rappresentata da Matteo d'Acquasparta . Anche se la loro posizione può essere definita concettualista, la loro teoria della conoscenza è ontologicamente neutra, dal momento che la ragione non consente di stabilire precisamente la natura dell'universale

Dino del Garbo, médecin actif dans les premières décennies du xiv e siècle, est surtout connu pour son commentaire au poème de Guido Cavalcanti Donna me prega. La présente étude propose l’édition d’une question quodlibétique sur la capacité de l’imagination à altérer le corps, disputée à Bologne ou Sienne dans les années 1320. Nous examinons le contexte médical et philosophique dans lequel s’inscrit cette question, en montrant notamment comment le débat s’est progressivement cristallisé autour de l’opposition entre un modèle avicennien et un modèle aristotélicien des rapports entre l’âme et le corps. L’analyse de ce débat permet d’éclairer d’un jour nouveau la glose de Dino del Garbo à Donna me prega et aussi, de manière incidente, le poème lui-même.

The paradigmatic examples of what we call nowadays ‘mere Cambridge changes’ are relational properties. If someone is on the left of a table at t − 1 and on the right of this table at t, the table does not undergo a physical change, but it has nonetheless new relational properties. What kind of relation lies behind this kind of change? Should we abandon the definition of identity as a set of permanent properties through time? This concern with identity and change was already present in Aristotle's Physics 5 and 7 and medieval commentators tackled the problem with some important refinements due to their metaphysical discussions about the nature of relations. John of Jandun's discussion of this topic, at the beginning of the fourteenth century, is particularly interesting. First, he defines self-identity as a relation of reason, which means for him that it is not a real relation. Second, he distinguishes two kinds of relational changes: those involving real relations and the acquisition a qualitative propert...