La conception d’Aristote est souvent évoquée au sein du débat éthico-politique contemporain spécialement par les auteurs — souvent classés sous la dénomination de «communautaristes» — qui récupèrent l’éthique aristotélicienne des vertus en polémique envers le libéralisme et ses racines théoriques, reconnues dans l’anthropologie individualiste typique de la philosophie politique moderne. Vis-à-vis de cette interprétation, l’article vise à montrer les aspects de la conception d’Aristote qui marque…
Read moreLa conception d’Aristote est souvent évoquée au sein du débat éthico-politique contemporain spécialement par les auteurs — souvent classés sous la dénomination de «communautaristes» — qui récupèrent l’éthique aristotélicienne des vertus en polémique envers le libéralisme et ses racines théoriques, reconnues dans l’anthropologie individualiste typique de la philosophie politique moderne. Vis-à-vis de cette interprétation, l’article vise à montrer les aspects de la conception d’Aristote qui marquent une continuité profonde et persistante avec la tradition de l’individualisme moderne. Pour ce faire, le point de départ de l’article sera la discussion que, dans le Livre II de la Politique, Aristote mène avec le projet politique élaboré par Platon dans la République. Après avoir analysé les critiques d’Aristote, l’article examinera d’abord la conception aristotélicienne de la nature du bien politique et tout de suite l’idée aristotélicienne de citoyenneté. Par cette analyse, l’article vise à montrer que le point central de la confrontation critique qu’Aristote mène vis-à-vis de Platon réside dans la proposition d’une figure de subjectivité qui fait du «propre» le noyau primaire de l’identité et de l’autonomie de l’individu ainsi que la source principale de l’action humaine. Enfin, ces pages se proposent de montrer le lien entre cette «grammaire» éthico-politique de la subjectivité et une autre grammaire également décisive pour la tradition occidentale: la grammaire ontologique de la substance.