Michel Fichant

La contribution majeure de Martial Gueroult à l’étude de l’œuvre de Leibniz se trouve dans son livre Dynamique et métaphysique leibniziennes (1934). Conformément à ce qui sera sa conception constante de l’histoire de la philosophie, Gueroult entend y mettre en évidence l’unité « synoptique » de la pensée de Leibniz, et la question des rapports entre métaphysique et dynamique permet de mettre à l’épreuve une méthode qui vise à reconnaître les harmonies et à résoudre les contradictions apparentes. Pour réunir métaphysique et dynamique dans leurs réactions réciproques, il faudra donc montrer que la dynamique n’est pas une construction mathématique indépendante de la métaphysique et que les liens entre pensée scientifique et métaphysique sont profonds et obéissent à une nécessité interne. Gueroult a ainsi mené une enquête qui fait fond sur tous les écrits de Leibniz tels qu’ils pouvaient être accessibles à l’époque, tout en situant l’apport original de la dynamique leibnizienne dans les acquis de la science classique. Le concept central de la « force dérivative » permet de caractériser la dynamique comme une « science mixte », dont l’objet a une degré de réalité qui unit le réel et l’imaginaire. Par-là, Gueroult peut établir que dynamique et métaphysique « apparaissent, non plus comme des constructions indépendantes, mais comme les parties d’un seul et même édifice ».

Cette édition numérique a été réalisée à partir d'un support physique, parfois ancien, conservé au sein du dépôt légal de la Bibliothèque nationale de France, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l'exploitation des Livres indisponibles du XXe siècle. Douze études portant sur divers points cruciaux d'interprétation de la science et de la métaphysique cartésiennes et leibniziennes. « Copyright Electre » Pages de début Préface Sigles utilisés pour les références aux sources principales I - L'ingenium selon Descartes et le chiffre universel des Règles pour la direction de l'esprit II - La géométrisation du regard. Réflexions sur la Dioptrique de Descartes III - La « Fable du Monde » et la signification métaphysique de la science cartésienne IV - L'origine de la négation V - Leibniz et l'universel VI - De l'individuation à l'individualité universelle VII - Mécanisme et métaphysique : le rétablissement des formes substantielles (1679) VIII - De la puissance à l'action : la singularité stylistique de la dynamique IX - La notion de système dans la physique de Leibniz X - « Pour la beauté et pour l'harmonie » : le meilleur de la dynamique XI - Les axiomes de l'identité et la démonstration des formules arithmétiques : "2 + 2 = 4" XII - Leibniz et l'exigence de démonstration des axiomes : "La partie est plus petite que le Tout" XIII - Ernst Cassirer et les commencements de la science classiqueIndications bibliographiques Index nominum Pages de fin.

Gottfried Wilhelm von Leibniz (1646-1716) has a prominent worldwide place in the history of scientific thought, from mathematics, logic, and physics to astronomy and engineering. In 2016, both his birth and death have been commemorated. Given the influence by Leibniz on Western sciences and philosophies and his polyhedric scientific activities, this special book chooses to focus on Leibniz's scientific works. In particular, we explore Leibniz's intellectual matrix and heritage within interdisciplinary fields, and present contributions from leading experts on the subject. The book offers much-needed insights into the subject from scientific, historical, philosophical and nature of science perspectives. It also provides authoritative introductions to scholarly contributions, which are often dispersed in journals and books not easily accessible to every reader. Therefore, this volume also contains excellent chapters on topics which, generally speaking, have their place in any rounded science, history or philosophy topic. It provides an absorbing and significant read for historians, philosophers and scientists alike. Editors Raffaele Pisano is full professor at the Lille University, France. Michel Fichant is Emeritus professor at the Sorbonne University, France. Paolo Bussotti is senior lecturer-researcher at the Udine University, Italy. Agamenon R. E. Oliveira is full professor at the Federal University of Rio de Janeiro, Brazil. Foreword Eberhard Knobloch is Emeritus professor at the Berlin University of Technology, Germany.

A questão da natureza e do sentido de um "idealismo leibniziano" encontra-se, já há vinte anos, no centro de um grande debate nos estudos leibnizianos, principalmente anglo-saxões. A conepção mais consequente e mais radical desse idealismo foi exposta por Robert Merrihew Adams : " o princípio mais fundamental da metafísica de Leibniz é que não há nada mais nas coisas que substâncias simples e, nelas, as percepções e as apetições".. Esse debate encontra um outro sobre o reconhecimento de períodos na formação da metafísica leibniziana e sobre o ponto de vista que permite dar conta desses períodos da maneira mais adequada: expressão constante de um "Sistema de Leibniz" invariável em suas teses e sua estrutura, ou, antes, pesquisa aberta na qual a invenção concentual não se fecha nunca em uma fórmula sistemática única? Com efeito, mesmo aqueles que quiseram reconhecer um período de "anos intermediários", durante o qual Leibniz não teria aderido ao idealismo, geralmente concederam que a última metafísica, aquela que se desenvolve propriamente segundo a tese monadológica, está, finalmente, bem caracterizada por essa adesão. Proponho-me desenvolver os seguintes argumentos: 1. Do ponto de vista genético, a tese monadológica responde originariamente à exigência de um funamento da realidade dos corpos. 2. O desenvolvimento da metafísica leibniziana do último período não dispensam a caracterização de uma verdadeira "substância corporal". 3. É a especificação do que chama de "organismo" que impede Leibniz de deixar a última palavra a um idealismo tal como o que se atribui a ele. Se há idealismo, é preciso entendê-lo em outro sentido.

L’œuvre philosophique de Lambert a souvent été traitée comme un moment de l’histoire de la formation de la pensée kantienne et des antécédents de la Critique de la raison pure. C’est en méconnaître l’originalité. Les deux ouvrages à cet égard les plus importants, le Nouvel Organon (1764) et l’Architectonique (1771) ont été conçus originellement comme les parties complémentaires d’un même projet qui s’inscrit dans la longue histoire de l’union entre logique et métaphysique. L’architectonique est une doctrine des catégories : le recensement des notions ou concepts simples permettant de penser un objet quelconque réalise, en en déplaçant le champ d’application, la visée d’universalité qui définissait la métaphysique générale ou philosophie première dans les ontologies wolffiennes. Ce n’est plus une doctrine de l’étant comme tel, mais une anatomie de l’entendement inspirée par Locke. Cependant le traitement des concepts simples ainsi obtenus revient à la méthode mathématique suivant l’exemple de Wolff, corrigé par un retour au modèle euclidien : il s’agit, somme toute, de procéder pour chaque concept simple comme Euclide l’a fait pour l’un d’entre eux, celui de l’espace. L’architectonique peut ainsi, par l’établissement des combinaisons et dérivations de ces concepts, livrer le plan systématique du tout de la connaissance. Ainsi, la singularité de Lambert trouve mieux sa place dans la lignée qui va de la Science Générale leibnizienne à la Doctrine de la science (Wissenschaftslehre) de Bolzano ; et on peut y voir aussi, comme Cassirer l’a proposé, une préfiguration de la théorie de l’objet (Gegenstandstheorie) de Meinong.

Das Konzept der Naturmaschine ist durch Leibniz 1695 in seinem Système nouveau de la nature et de la communication des substances eingeführt worden. Es liefert die Realdefinition des organischen Körpers und gibt ein Unterscheidungskriterium zwischen Körpern, die organisch sind, und solchen, die es nicht sind, an: die Zerlegung ins Unendliche der Maschine in andere Maschinen, ohne dass man ein Ende erhält, das nicht selbst Maschine wäre. Diese Struktur der Verschachtelung entspricht derjenigen, die der materia secunda, wie Leibniz sie nennt, eine Form verleiht. Sie kann ebenso als Aggregat betrachtet werden, das aus einer Unendlichkeit von Monaden resultiert, als auch als ein Aggregat, das bis ins Unendliche körperliche Substanzen ineinander enthält. So erlaubt die Naturmaschine die Positivität zu unterstützen, die der Begriff der körperlichen Substanz in den Augen von Leibniz stets behalten hat, auch in den letzten Entwicklungen der monadologischen Ontologie, die man nicht auf eine idealistische These reduzieren kann

On désigne ici comme « espace esthétique » la forme subjective et pure de l’intuition du sens externe, telle que la met à jour l’exposition métaphysique de l’espace. Kant l’appelle ainsi « espace métaphysique » en l’opposant rigoureusement à l’« espace géométrique », déjà conceptualisé et ne relevant plus comme tel de l’Esthétique transcendantale dans son moment originaire. L’espace esthétique doit pouvoir être atteint dans son essence pure avant et indépendamment de ce que la « mathématique de l’étendue » constitue du second : il faut délier le moment propre de l’Esthétique de toute subordination à la géométrie. À l’inverse, on esquissera la genèse transcendantale des différents types d’objectivité géométrique désignés dans des « concepts d’espace » (le quantum, la figure, l’espace lui-même considéré objectivement).

Cette édition numérique a été réalisée à partir d'un support physique, parfois ancien, conservé au sein du dépôt légal de la Bibliothèque nationale de France, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l'exploitation des Livres indisponibles du XXe siècle. Douze études portant sur divers points cruciaux d'interprétation de la science et de la métaphysique cartésiennes et leibniziennes. « Copyright Electre » Pages de début Préface Sigles utilisés pour les références aux sources principales I - L'ingenium selon Descartes et le chiffre universel des Règles pour la direction de l'esprit II - La géométrisation du regard. Réflexions sur la Dioptrique de Descartes III - La « Fable du Monde » et la signification métaphysique de la science cartésienne IV - L'origine de la négation V - Leibniz et l'universel VI - De l'individuation à l'individualité universelle VII - Mécanisme et métaphysique : le rétablissement des formes substantielles (1679) VIII - De la puissance à l'action : la singularité stylistique de la dynamique IX - La notion de système dans la physique de Leibniz X - « Pour la beauté et pour l'harmonie » : le meilleur de la dynamique XI - Les axiomes de l'identité et la démonstration des formules arithmétiques : "2 + 2 = 4" XII - Leibniz et l'exigence de démonstration des axiomes : "La partie est plus petite que le Tout" XIII - Ernst Cassirer et les commencements de la science classiqueIndications bibliographiques Index nominum Pages de fin.

Depuis Léon Brunschvicg s’est établie une sorte de lieu commun de l’interprétation de la métaphysique de Leibniz, dont la cohérence serait compromise par la contradiction entre la monade, pour qui l’espace est idéal, et la « monadologie » ou système de toutes les monades coexistantes, qui présupposerait un réalisme de l’espace. Dans cet article, l’argument de Brunschvicg est reconstitué, puis critiqué par la restitution de la pensée réelle de Leibniz sur les rapports entre monade et espace : on ne doit en aucun cas se représenter la pluralité des monades comme une multiplicité spatiale – l’espace est un ordre non des substances simples, mais des phénomènes, – seule l’union constante et universelle de chaque monade à un corps organique permet de parler d’un « point de vue », qui n’est autre que la localisation de ce corps parmi les autres et non de la monade qui, en tant que telle, n’a pas de lieu.

La De Corporum concursu de janvier-février 1678 consume le véritable acte de naissance de ce qui sera la Dynamique leibnizienne: l'étude systématique des règies rendant compte du choc direct de deux mobiles permet en effet à Leibniz de reconnaître pour la premiere fois la validité de la formule mv 2 dans l'estimation de la force et dans l'équation de conservation qui lui répond. Ce document fait lui-méme suite à un travail intense portant sur les divers aspects mathematiques et physiques du problème du choc, dont de nombreux manuscrits de 1677 font etat. L'article analyse ces données, pour l'essentiel inédites. On y tente ensuite de reconstituer la cohérence méthodique des démarches complexes qui aboutissent a la „reiorme“ instituée au cours du De corporum concursu ; elles s'ordonnent à l'identification d'un concept metrique permettant la traduction adequate du principe d'equivalence entre la cause et son effet. C'est ainsi que Leibniz peut retrouver de maniere fondee la cohérence de formules mathématiques qu'il connaissait anterieurement par Fentremise de Huygens et de Mariotte, sans en avoir tiré un bénéfice immédiat d'applicarion. Enfin on examine plus sommairement les suites que Leibniz a données a sa nouvelle définition de la force, en cherchant dans un premier temps à la concilier avec une réinterpretation de la formule cartésienne

A la fin de sa vie, en 1715‚ Leibniz rédige, en marge d'entretiens et de sa correspondances avec Adam Theobald Overbeck, l'opuscule intitulé ' Αποκατάσταστς πάντων. II y examine hypothetiquement une version originate de l'argument en faveur de l'Eternel Retour des mêmes cycles periodiques dans l'histoire des Etats ou des individus. Cette version est la suite et le développement de la preuve que Leibniz avait examinee en 1693 dans De l'Horizon de la Doctrine humaine‚ pour etablir le caractére fini de l'ensemble des vérités qui peuvent être formulées avec les ressources d'un alphabet fini. A ce compte, le nombre des vérités de fait, qui constituent la matiére des livres d'histoire, est lui aussi fini. Si l'on accorde un principe de correspondance qui associe de maniére univoque les évenements aux énoncés qui les relatent, il en resulte que l'ensemble des evenements historiques est fini, et qu'a supposer que ies homines perdurent assez longtemps dans le meme 6tat ou ils sont, les memes evenements finiront par se reproduire, et lês memes acteurs reviendront sur le « théâtre du monde». L'article examine les presupposés de l'argument de Leibniz du point de vue de sa conception de la connaissance historique. Il esquisse ensuite quelques points saillants de Thistoire du mot et de l'idée d'άποκατάσταστς, à partir d'Origene et du stoïcisme tardif, afin de dégager le sens original que leur confere Leibniz. Enfin, il montre que la loi de continuity et l'idée d'harmonie, qui gouvernent le cours des choses, permettent à Leibniz de surmonter la contrainte apparente de Pargument tire de la Combinatoire: une perspective de progres infini s'ouvre alors aux esprits « qui connaissent et recherchent la vérite » ; il n'y a pas pour eux d’ « horizon de leur science future » , ni de retour a lidentique

Discours de métaphysique et Monadologie sont parmi les plus célèbres opuscules de Leibniz. Le premier (fin 1 685-début 1686) marque le moment où le philosophe se déclare " satisfait " sur les questions fondamentales ; vingt-huit ans après, le second semble réunir les éléments d'un ultime bilan. Entre les deux textes, demeurés inédits du vivant de l'auteur qui ne leur a pas même donné le titre sous lequel la postérité les a retenus, il est d'usage commun d'identifier un seul et même système, tel qu'en lui-même : l'architecture globale demeurant identique (Dieu est le créateur ; corps, âmes et esprits sont hiérarchiquement ordonnés ; nulle interaction causale physique entre les êtres), seuls différeraient le vocabulaire et les points de vue. Or, montre Michel Fichant, s'il n'y a pas équivalence dans la terminologie, c'est qu'il n'y en a pas non plus dans la signification des concepts fondamentaux : la " substance individuelle " du Discours n'est pas la monade. C'est donc la genèse et l'élaboration de la métaphysique leibnizienne qu'il nous donne à voir dans cette édition inédite, où d'autres textes et des lettres mettent en perspective les deux opuscules majeurs.