Les années 1930 et 1940 marquent une période de crise pour le libéralisme. Des auteurs aussi divers que Friedrich Hayek, Wilhelm Röpke, Walter Lippmann ou encore Michael Polanyi et Louis Rougier se réunissent lors de deux événements fondateurs, le colloque Walter Lippmann en 1938 et la création de la Société du Mont-Pèlerin en 1947, pour repenser le libéralisme. Cette refonte du projet libéral les pousse à établir un diagnostic relatif à la crise du libéralisme, remontant, pour les auteurs menti…
Read moreLes années 1930 et 1940 marquent une période de crise pour le libéralisme. Des auteurs aussi divers que Friedrich Hayek, Wilhelm Röpke, Walter Lippmann ou encore Michael Polanyi et Louis Rougier se réunissent lors de deux événements fondateurs, le colloque Walter Lippmann en 1938 et la création de la Société du Mont-Pèlerin en 1947, pour repenser le libéralisme. Cette refonte du projet libéral les pousse à établir un diagnostic relatif à la crise du libéralisme, remontant, pour les auteurs mentionnés, à la Révolution française. Cet article se propose de montrer la cohérence du projet néolibéral à partir de leur diagnostic historique dans cette période de crise. En effet, en critiquant la Révolution française et ses effets comme participant d’un rationalisme néfaste, ayant donné naissance aussi bien au laissez-faire qu’aux divers collectivismes, les néolibéraux reprennent explicitement des concepts des critiques de la révolution, au premier rang desquels Edmund Burke. Le concept de tradition, compris comme recouvrant des règles sociales et juridiques ayant lentement évolué de façon à constituer des dispositifs de coordination permettant nos actions, est ainsi très largement repris et valorisé par les néolibéraux. Nous interprétons ainsi la théorie néolibérale à partir de cette recatégorisation du concept de tradition, et pointons les affinités des positions néolibérales avec le conservatisme philosophique. Ce rapprochement fait apparaître plusieurs tensions conceptuelles entre d’une part un évolutionnisme culturel et d’autre part la défense de valeurs occidentales substantielles.