Stelios Virvidakis

La théorie de la connaissance des années 60 et 70 a été marquée par l'emploi des arguments transcendantaux de toutes sortes. Ces arguments pourraient servir à défendre l'applicabilité de nos concepts fondamentaux qui font l'objet d'une variété d'attaques sceptiques. Malheureusement, la prise de conscience des difficultés mettant en cause l'efficacité ou même la validité des arguments transcendantaux a progressivement conduit à leur abandon, quoique certains philosophes n'aient jamais cessé de les utiliser. Mon analyse s'inspire du renouveau récent de l'intérêt pour l'argumentation transcendantale dans le domaine de la raison pratique, et en particulier de l'élaboration d'un modèle de ce genre d'argumentation par A. W. Moore. Je procède à l'examen d'un argument de forme transcendantale développé par Christine Korsgaard afin de justifier l'autorité des normes morales. Je tente d'évaluer l'efficacité de cet argument et du modèle général auquel il se conforme, de le comparer à des approches alternatives et d'étudier les rapports de ses prémisses et de sa conclusion avec des prises de position réalistes et anti-réalistes en métaéthique.There is a revival of interest in transcendental arguments, which used to be very popular in recent decades but were progressively abandoned because of doubts concerning their plausibility and even their validity, although of course some philosophers never ceased to use them. My paper deals with a particular model of transcendental arguments which can be employed in the area of practical philosophy, elaborated by A.W. Moore. I examine an application of this model in the construction of a complex argument by Christine Korsgaard which aims at establishing the authority of moral norms. I discuss its structure and the relations of its premises and of its conclusion to certain realist and anti- realist positions in metaethics, I compare it to alternative approaches to the same problem, and I try to evaluate its strengths and weaknesses

Stelios Virvidakis | : Dans cet article, je me pose la question de l’emploi du concept de vérité par la critique littéraire et je me concentre sur la théorie : « pas de vérité en littérature », élaborée par Peter Lamarque et Stein Haughom Olsen. Je tâche de développer et d’approfondir certaines critiques de leurs thèses et arguments, afin d’en proposer une évaluation d’ensemble. Je conclus que le problème principal avec Lamarque et Olsen est qu’ils veulent exclure toute considération de vérité en littérature — endossant ainsi une conception de la création littéraire plus ou moins expressiviste — tout en sauvegardant la reconnaissance de la vérité de nos croyances concernant une série de notions de ce qui est d’intérêt humain et des valeurs universelles non formelles. Leur approche risque ainsi de sombrer dans l’incohérence. | : The article deals with possible uses of the concept of truth in literary criticism and focuses on the « no truth » philosophical theory of literature elaborated by Peter Lamarque et Stein Haughom Olsen. I draw on certain objections to their basic theses and arguments, which have been already put forth by various critics, trying to develop and refine them, with a view to proposing a more general evaluation. I conclude that the main problem with Lamarque and Olsen is that they want to eschew all considerations of truth in literature — endorsing a more or less expressivist conception of literary creation —, while, at the same time retaining the recognition of the truth of beliefs concerning what is of importance to human beings and notions of universal, non formal values. Such a stance threatens the coherence of their approach

Cet article discute l’idée d’une moralité plus ou moins minimale, qui puisse s’adapter à une approche libérale de la pensée et de l’action politique. Sur la base de certaines platitudes concernant la moralité on isole un ensemble de concepts et de principes à la fois déontologiques et conséquentialistes. On insiste sur les conceptions de la justice, de l’autonomie et des devoirs négatfis. On se focalise sur la force et la portée de ces principes et sur leur rôle dans les raisons morales et leur capacité à être prégnantes, dominantes et exigeantes.

As part of a larger effort to explore the multiform relations between philosophy and literature—a research field that attracts growing attention— we focus on the philosophical aspects of literature. Our project tackles the subject of literature’s potential to generate knowledge. In our paper we intend to dwell on self-referential literature. This intriguing dimension of literary expression is associated with works in which self-reflective moves can be traced, that is, texts in which literary writing refers to and reflects on literature itself. The self-reflection of self-referential literature assumes many shapes, affecting in various ways the constitution of both content and form. Thus, our aim becomes twofold. First, we look into variants of literary self-reflection, while pondering the philosophical implications of each of those. Here, we are going to draw on examples from the writings of Stéphane Mallarmé, Paul Valéry, Maurice Blanchot and Clarice Lispector. Second, we propose to consider the necessary conditions and the prospects for obtaining some kind of knowledge by means of self-referential literature. In so doing, we examine alternative conceptions and kinds of knowledge which could be taken into account.

L’article se concentre sur la pandémie de covid-19 dans une tentative d’évaluer la contribution éventuelle de l’analyse philosophique à la compréhension et à la résolution des problèmes éthiques, juridiques et sociopolitiques qu’elle soulève. On aborde une série de dilemmes cruciaux qui requièrent des décisions pratiques, avant et après la production et la disponibilité des vaccins, à la lumière des théories éthiques et politiques contemporaines. Il s’avère que dans la plupart des cas les conceptions déontologiques semblent l’emporter sur les considérations conséquentialistes, qui ne s’imposent à notre raisonnement que dans des situations d’urgence immédiate. La pandémie nous permet également d’apprécier le rôle important des vertus éthiques et épistémiques dans la prise des décisions critiques.

Cet article discute l’idée d’une moralité plus ou moins minimale, qui puisse s’adapter à une approche libérale de la pensée et de l’action politique. Sur la base de certaines platitudes concernant la moralité on isole un ensemble de concepts et de principes à la fois déontologiques et conséquentialistes. On insiste sur les conceptions de la justice, de l’autonomie et des devoirs négatfis. On se focalise sur la force et la portée de ces principes et sur leur rôle dans les raisons morales et leur capacité à être prégnantes, dominantes et exigeantes.