La théorie étiologique définit les fonctions biologiques en faisant référence à l'action passée de la sélection naturelle. Elle peut ainsi permettre de définir les pathologies comme des dysfonctionnements : il y a pathologie lorsqu'un composant x de l'organisme ne fait plus ce qu'il est censé faire et qui a conduit à le retenir dans le passé de l'histoire évolutive. On peut distinguer trois problèmes qui attendent les partisans de cette solution. Le premier est celui de la conciliation entre deu…
Read moreLa théorie étiologique définit les fonctions biologiques en faisant référence à l'action passée de la sélection naturelle. Elle peut ainsi permettre de définir les pathologies comme des dysfonctionnements : il y a pathologie lorsqu'un composant x de l'organisme ne fait plus ce qu'il est censé faire et qui a conduit à le retenir dans le passé de l'histoire évolutive. On peut distinguer trois problèmes qui attendent les partisans de cette solution. Le premier est celui de la conciliation entre deux visées différentes : la théorie de l'évolution peut-elle à la fois contribuer à l'explication du fait récurrent de la maladie (ce que vise une « médecine darwinienne ») et permettre une démarcation entre normal et pathologique ? Le second problème est celui des exceptions : en certains cas, une incapacité acquise a bien valeur de pathologie, mais la présence de la capacité correspondante ne s'explique pas par la sélection, ce qui ôte à la proposition initiale son caractère de nécessité conceptuelle. Enfin, la réalisation d'un trait peut être à la fois atypique et adaptative, ce qui fragilise la notion de normalité biologique impliquée par la théorie étiologique. Ces problèmes sont sérieux et l'article examine pour conclure si un autre concept de fonction, le concept systémique, ne pourrait pas mieux convenir moyennant quelques ajustements, à la philosophie de la médecine. Etiological theory defines biological functions in reference to the past action of natural selection. Accordingly, it may define pathological states as dysfunctional states : component x being in a pathological state would mean x no longer does what it is still supposed to do, that is, what it has been designed to do in past evolutionary history. There are three problems with this solution. First, it may prove difficult to reconcile the evolutionary explanation of the recurring fact of disease (the purpose of a « Darwinian medicine ») and the suggested demarcation between the normal and the pathological. Second, we may think of cases where a certain capacity is impaired, this impairment being clearly a pathology, and where, nonetheless, the explanation of why the corresponding capacity is there is by no means selective. This weakens the initial proposition because it thereby loses its alleged conceptual necessity. Thirdly, a biological feature may be expressed in a way that is both atypical and adaptive, i.e. a challenge to the idea of biological normality involved in etiological theory. These seem to be quite serious problems and one may ask if another concept of function, the systemic concept with a number of adjustments, would not be better suited to the ends of the philosophy of medicine