Denis Bonnay

La logique IF prétend constituer une alternative à la logique classique du premier ordre : en libéralisant les schémas de dépendance entre quantificateurs, elle mènerait à leur terme les idées sous-jacentes à la logique classique. Mais les jeux de Hintikka ne constituent pas la seule manière possible de fournir une sémantique pour l’indépendance : on pourrait au contraire vouloir le faire dans le cadre d’une sémantique récursive avec des quantificateurs de Henkin. Nous présentons ici quelques arguments techniques et philosophiques en faveur de IF, en montrant pourquoi son concept d’indépendance, élargi aux connecteurs, peut prétendre être pleinement général, et en montrant en quel sens la logique IF traite l’indépendance de manière analytique. Ce dernier point est réalisé à travers une explicitation du contenu épistémique de IF, sous la forme d’une traduction partielle dans la logique modale.

The problem of logical constants consists in finding a principled way to draw the line between those expressions of a language that are logical and those that are not. The criterion of invariance under permutation, attributed to Tarski, is probably the most common answer to this problem, at least within the semantic tradition. However, as the received view on the matter, it has recently come under heavy attack. Does this mean that the criterion should be amended, or maybe even that it should be abandoned? I shall review the different types of objections that have been made against invariance as a logicality criterion and distinguish between three kinds of objections, skeptical worries against the very relevance of such a demarcation, intensional warnings against the level at which the criterion operates, and extensional quarrels against the results that are obtained. I shall argue that the first two kinds of objections are at least partly misguided and that the third kind of objection calls for amendment rather than abandonment