La crise écologique que nous traversons actuellement invite à reconsidérer la place de l’espèce humaine dans le monde vivant. Si la civilisation humaine repose de plus en plus sur un développement sans précédent de la technique, elle est confrontée aux impasses d’un interventionnisme technique incapable de résoudre les problèmes proprement biologiques et écologiques. À l’encontre d’une conception unilatérale de notre relation à l’égard des autres espèces, largement centrée sur la domination et l…
Read moreLa crise écologique que nous traversons actuellement invite à reconsidérer la place de l’espèce humaine dans le monde vivant. Si la civilisation humaine repose de plus en plus sur un développement sans précédent de la technique, elle est confrontée aux impasses d’un interventionnisme technique incapable de résoudre les problèmes proprement biologiques et écologiques. À l’encontre d’une conception unilatérale de notre relation à l’égard des autres espèces, largement centrée sur la domination et l’exploitation, cette crise conduit à approfondir la notion d’ambivalence anthropologique. si l’accès à un univers de sens et de valeur, rendu possible par la complexification de notre système nerveux et ainsi de notre psychisme, nous met à distance de la nature et du reste de la vie organique, nous sommes cependant le fruit d’une histoire naturelle qui nous dépasse et restons profondément dépendants des autres vivants. Notre ambition dans cet article est de creuser cette ambivalence à partir d’une interrogation sur l’histoire et, plus précisément, sur le rapport entre histoire humaine et histoire naturelle. ce point de vue historique, nous l’héritons des réflexions de Bergson et de Ruyer qui nous amènent à défendre, sans contradiction, les deux thèses suivantes. si, d’une part, l’inclusion de l’histoire humaine dans l’histoire évolutive doit nous conduire à prendre en compte notre profonde continuité et dépendance à l’égard du vivant, notamment dans les solutions que nous pouvons apporter à la crise actuelle, elle doit d’autre part nous inviter à envisager la spécificité humaine d’un retour collectif et critique sur nos pratiques dans la biosphère, retour qui pourrait changer le cours de l’histoire que nous construisons en commun avec le reste du monde vivant. cela nous conduira à révéler et critiquer les présupposés théoriques et pratiques des solutions généralement envisagées pour faire face à l’urgence de la crise écologique et à souligner, en contrepartie, l’utilité des collaborations interspécifiques pour relancer des dynamiques évolutives que notre technique peut accompagner mais jamais remplacer.