Bruno Trentini

Résumé Accéder au mode de production de l’œuvre d’art est dans certains cas une nécessité pour qu’il y ait appréciation esthétique ; comme si le cadrage de l’œuvre permettait un cadrage de l’attitude du spectateur sans lequel l’expérience esthétique ne pourrait avoir lieu. À partir d’une série de peintures de René Magritte confrontée à des œuvres contemporaines, la contrainte poétique est abordée pour les qualités stratégiques et programmatiques de la réception de l’œuvre : une réception qui serait sans elle impossible justement parce que le spectateur ne saurait pas quelle attitude adopter devant l’œuvre.

This paper deals with the autonomy of art and more specifically with the autonomy of socially engaged art once it is institutionalized. The originality of the article is its use of Goodman's terminology to theorize socially engaged art. By comparing two works of art from the same collective, the main issue is to defend the hypothesis that artistic consecration prevents an emancipatory action from functioning as art or prevents an action from functioning as socially engaged art. Thus, in the context of engaged art, the question is no longer "when is art?" but "where is art?".

Le clivage entre les opposants et les partisans à la naturalisation de l’esthétique a tendance à faire oublier que plusieurs naturalisations sont possibles. Après une analyse critique des investigations expérimentales sur les catégories esthétiques (comme le beau et le sublime), ce texte propose des voies qui permettent à l’esthétique de continuer à jouer un rôle en philosophie de l’art, notamment contemporain, par l’étude de l’adaptation des processus cognitifs impliqués dans l’expérience esthétique.