Grégoire Lefftz

The aim of this paper is to show how systematic Charles Taylor’s philosophy is. It rejects two opposite readings: one claiming that Taylor’s thought is too diverse to have real unity; the other, that it is the product of a “monomaniac” (Taylor’s own word). I claim that his thought has a very distinct structure, comprising two levels. On the first, “meta-hermeneutic” level, Taylor defends a thesis about hermeneutics (namely, that it cannot be dispensed with): this unifies his anthropology, epistemology, moral philosophy, philosophy of language and political philosophy. On the second, “hermeneutic” level, Taylor builds an impressive historic construal of modern identity and its dilemmas. More importantly, while these two levels are irreducibly distinct, they relate to each other in interesting ways, giving Taylor’s philosophy its systematicity. I finally confront this view with other readings, and argue that it is the best way to understand Taylor’s work.

Cet ouvrage propose un examen philosophique de la question du sens de la vie. Il prend son point de départ dans le constat que nous donnons sens à notre existence en poursuivant des buts mais où cette quête mène-t-elle? En dernière instance, il n'est que trop facile de souligner leur vanité. De là vient la tentation, au coeur de la tradition philosophique occidentale, de postuler l'existence d'un absolu en quoi tout trouverait sa justification ultime. Celui-ci ne se donne cependant nulle part, il est absent, et le sentiment de l'absurde n'est jamais loin. Plutôt que de chercher à résoudre ce problème, il s'agit de montrer en quoi il est mal posé. Notre vie est justifiée, même en l'absence de tout absolu ; elle l'est malgré sa complète et radicale gratuité. Ainsi, la manière de résoudre le problème du sens de la vie est simplement de montrer pourquoi il n'existe pas. L'auteur s'y attache en recourant à la philosophie classique, le zen japonais ou la poésie contemporaine.

La philosophie analytique récente a vu naître d’importants débats de méthode concernant la bonne manière de pratiquer l’ontologie, qui voient s’opposer les partisans déclarés de Quine à ceux de Carnap. Au cœur de ces débats se trouve l’idée que le monde possède une structure ontologique propre, indépendante de notre manière de le conceptualiser ou de l’organiser. C’est cette idée qui est ici plus précisément examinée, dans le but de la clarifier. Cet article défend la thèse que, si le monde possède bien une structure intrinsèque, celle-ci est de nature physique et non ontologique. Quant à cette dernière, elle ne peut être conçue indépendamment d’une subjectivité consciente et constituante. Si cet argument est correct, il donne raison à l’école néo-carnapienne, mais surtout il étaye l’idée qu’il ne saurait y avoir d’ontologie que transcendantale, une idée dont les germes semblent être en train de poindre au sein de l’école analytique.

Cet article prend pour point de départ une critique souvent adressée au minimalisme moral de Ruwen Ogien : il y a bien de la normativité dans le rapport à soi, nous avons des obligations vis-à-vis de nous-même. Après avoir rappelé cette objection (en la reformulant et en la renforçant), l’on se demande si une forme de minimalisme peut malgré tout lui survivre. Cet article répond par la positive, en proposant une reformulation radicale de la thèse minimaliste, qui parvienne à maintenir le rejet du paternalisme tout en prenant en compte l’existence d’une normativité dans le rapport à soi. Il explique en quel sens une telle thèse peut encore être considérée comme minimaliste, puis entreprend d’examiner ses principales conséquences.