Joëlle Proust

Perceiving an armchair prepares us to sit. Reading the first line in a text prepares us to read it. This article proposes that the affordance construct used to explain reactive potentiation of behavior similarly applies to reactive potentiation of cognitive actions. It defends furthermore that, in both cases, affordance-sensings do not only apply to selective (dis)engagement, but also to the revision and the termination of actions. In the first section, characteristics of environmental affordance-sensings such as directness, stability, action potentiation, valence, and phenomenology are reexamined in light of contemporary cognitive science. In the second section, it is proposed that cognitive affordance-sensings can also be characterized along these dimensions. Called “metacognitive feelings” in the metacognitive literature, their function is to select, engage, revise and post-evaluate cognitive actions. A third section discusses alternative views, and responds to objections.

Dans la psychose, les données cliniques montrent que dès l'apparition des premiers troubles aigus, une difficulté caractéristique se manifeste au niveau de l'attribution de la responsabilité causale des actions. Les patients se sentent poussés à agir par les autres tout en ayant aussi le sentiment de contrôler l'action d'autrui. Cette difficulté va souvent de pair chez les schizophrènes avec une modification du sentiment d'identité personnelle. Parmi les symptômes de l'autisme, on trouve des difficultés de contrôle de l'action, une réduction des centres d'intérêts, des stéréotypies comportementales et une difficulté à comprendre les événements d'ordre mental. Des résultats expérimentaux récents permettent d'orienter la réflexion théorique sur l'origine fonctionnelle commune de ces perturbations. Ils indiquent l'importance du suivi de l'action dans l'acquisition par l'enfant d'une " théorie de l'esprit ", c'est-à-dire des connaissances nécessaires à l'interprétation de ses propres états mentaux et de ceux d'autrui. Dans le cas de l'adulte, un mauvais suivi de l'action pourrait porter atteinte à la capacité de reconnaître ses propres intentions d'agir, et modifier ainsi le sens de sa propre identité. Subjectivité et conscience d'agir rassemble des travaux de clinique psychiatrique (Henri Grivois), de psychologie du développement (James Russell), de neuroscience cognitive (Marc Jeannerod, Pierre Fourneret) et de philosophie de l'esprit (John Campbell, Pascal Engel, Elisabeth Pacherie, Joëlle Proust). Le point commun est d'élucider le rôle qui revient aux fonctions exécutives dans la compréhension de soi-même et d'autrui. L'ouvrage s'adresse aux étudiants, aux enseignants et aux chercheurs en psychologie, en neuroscience et en philosophie, mais aussi aux psychiatres et aux cliniciens, ainsi qu'à tous ceux qui s'intéressent aux progrès de la psychopathologie cognitive.

Procedural metacognition is the set of affect-based mechanisms allowing agents to regulate cognitive actions like perceptual discrimination, memory retrieval or problem solving. This article proposes that procedural metacognition has had a major role in the evolution of communication. A plausible hypothesis is that, under pressure for maximizing signalling efficiency, the metacognitive abilities used by nonhumans to regulate their perception and their memory have been re-used to regulate their communication. On this view, detecting one’s production errors in signalling, or solving species-specific trade-offs between informativeness, processing effort, clarity, or urgency depend on a form of procedural metacognition, called “metacommunication”. How does this view relate to Gricean theories of human communication? A parallel between procedural trade-offs and conversational maxims is discussed for its evolutionary implications. Rather than accepting radically discontinuist interpretations, in which mindreading operates a full reorganization of pragmatics, it is proposed that procedural forms of regulation are entrenched in all forms of human communication. According to contextual demands, humans adopt and monitor more or less demanding informational goals, such as factual updating, clarifying, explaining, proving, and reaching consensus in collective matters. Under time pressure, only part of these goals require adopting others’ viewpoint. Efficiency in collective decision-making, in particular, might have been considerably raised by an ability to interpret others’ intentions and motivations.

For years a debate has raged within the various literatures of philosophy, psychiatry, and psychology over whether, and to what degree, the concepts that characterize psychopathology are social constructions that reflect cultural values. While the majority position among philosophers has been normativist, i.e., that the conception of a mental disorder is value-laden, a vocal and cogent minority have argued that psychopathology results from malfunctions that can be described by terminology that is objective and scientific. Scientists and clinicians have tended to endorse the objectivist position, with some notable exceptions.

Metacognitive abilities are considered as a hallmark of advanced human cognition. Existing empirical studies have exclusively focused on populations from Western and industrialized societies. Little is known about young children’s metacognitive abilities in other societal and cultural contexts. Here we tested 4-year-old Yucatec Mayan by adopting a metacognitive task in which children’s explicit assessment of their own knowledge states about the hidden content of a container and their informing judgments were assessed. Similar to previous studies, we found that Yucatec Mayan children overestimated their knowledge states in the explicit metacognitive task. However, in contrast with studies on Western children, we did not find the facilitating effect of the implicit informing task over the explicit task. These findings suggest that the early development of metacognition combines universal and culture-sensitive features.

Dans son compte-rendu de mon livre, Les Animaux Pensent-ils?, Machery objecte que l'évolution n'étant ni hiérarchique ni linéaire, il n'et pas justifié de proposer une analyse hiérarchique des représentations. Je réponds à cette objection, en montrant qu'on peut en effet distinguer des types de représentation par leurs propriétés sémantiques et computationnelles. On peut reconnaître le caractère anagénétique du développement de la cognition sans pour autant légitimer une conception hiérarchique et continuiste de l'évolution des espèces

Le déterminisme implique que le libre arbitre n’existe pas, que nous ne pouvons pas faire autrement ; réciproquement, avoir la possibilité de faire autrement implique que le déterminisme ne s’applique pas à l’instant, s’il existe, où on l’exerce. Cependant, la question de la responsabilité rend difficile d’accepter que les agents ne puissent pas faire autrement et motive fortement à rendre compatibles déterminisme et libre arbitre ou à soutenir, dans une veine « incompatibiliste », que le cerveau humain n’est pas soumis à la loi du déterminisme. Le libertarianisme, c’est-à-dire l’idée que, chez l’agent humain, il existe des exceptions au déterminisme causal lors de l’activité cérébrale, n’est pas défendable à la lumière des découvertes récentes sur la cognition humaine. Selon le compatibilisme, un agent n’ayant pas la possibilité de faire autrement jouit encore de son Libre Arbitre. La théorie de Harry Frankfurt d’une volonté à plusieurs niveaux est étudiée de manière critique. On présente la preuve neuroscientifique d’un modèle de volonté en cascade, dans l’esprit de Frankfurt. Ce modèle permet l’émergence d’une forme de comptabilisme dans lequel l’agent peut plus ou moins contrôler ce qu’elle fait, dépendre plus ou moins de son environnement et dispose donc plus ou moins de son libre arbitre