Malik Bozzo-Rey

Les travaux récents ont permis de rendre justice à la théorie du langage qu’a élaborée Bentham et d’expliquer les enjeux théoriques de son attachement aux mots. Il est donc désormais possible de s’attacher à comprendre les enjeux langagiers à l’oeuvre dans les différents champs de la pensée benthamienne, et plus particulièrement au sein de sa théorie générale du droit. Dès lors, son projet de Nomographie semble aller de soi. Nous nous attacherons à montrer dans quelle mesure ce texte entend tirer les conséquences de l’ensemble des acquis théoriques de la philosophie benthamienne et plus précisément comment il permet de penser les relations entre langage et droit pour aboutir à la constitution du droit comme système de contrôle social

This article tries to study the evolution of the place and significance of the term “fiction” in Bentham’s critical strategy against English law. If, in an initial phase, Bentham uses fictions to bring to light mystification operating in English law, he then attacks the theories that sought to justify and ground political society and law. Bentham proposes a foundation justified with the help of the principle of utility, which he presents as a “fundamental axiom” that needs no proof. Paradoxically, his argumentation, taken as a whole, becomes intrinsically problematical on recognizing the inevitable linguistic necessity of fictions and the fictitious character of utility: every legal discourse will, in consequence, invoke the fictions that it previously criticised. He must therefore refine his theory of fictions and construct its positivity with the aim of drawing up a legal discourse that satisfies the demands of his theory of law

Ce texte se propose de prendre pour objet le discours élaboré par le management et qui, au-delà de produire des connaissances, sert de fondement à l’élaboration de normes organisationnelles et construit différents types de normativités. Il s’agira alors de développer une analyse philosophique qui cherchera à mettre à l’épreuve la thèse suivante : le fonctionnement managérial interne à l’entreprise repose sur un discours qui a recours aux fictions ; or, non seulement les modalités de ce recours aux fictions ne sont pas explicites mais leur organisation structurelle aboutit également à la construction d’individus et d’un espace propres dont la finalité est d’influencer les comportements

ABSTRACTThis paper focuses on unveiling the underlying conceptions required to elaborate a concept such as indirect legislation, and on possible methods of distinguishing it from direct legislation. Three elements will be put to the test to analyse whether they could be used as distinguishing criteria. Firstly, indirect legislation – like contemporary forms of indirect means to influence behaviours, such as the famous nudges of Thaler and Sunstein – relies heavily on an accurate and complete account of human nature. However, so does direct legislation. Having human psychology as a foundation for legislation leads to several epistemic and evidential issues. Secondly, temporality seems initially to be a likely candidate for the sought for criterion: direct legislation, through punishment, applies after the offence, whereas indirect legislation applies before the offence, precisely in order to prevent it. However, I will show that this understanding needs to be revised. Thirdly, the solution to the difficulty might lie in resolving the issue of what is really the target of influence: what is it that indirect means attempt to modify. At the end of this paper, I will show that the difficulties faced both by Bentham and by contemporary nudge theory seem to imply that a complete re-evaluation of indirect means to influence behaviour is needed.

What is the secret of good government? Both Mill in his Representative Government, and Bentham, in his Constitutional Code, believe that neither individual qualities or institutions are sufficient on their own and both are interested in institutional devices such as voting systems, civic education or public administrations that can shape and foster a new democratic citizenry. The paper will compare their two different approaches to the way individual aptitudes can be harnessed to democratic policies and processes.

Le nouvel et dernier ouvrage de Jean-Pierre Cléro consacre à la philosophie de Jeremy Bentham est intéressant à plus d’un titre. Tout d’abord, il unifie et bénéficie de l’ensemble des textes et réflexions que Jean-Pierre Cléro a pu élaborer depuis de nombreuses années sur les différents aspects de la philosophie benthamienne. Ensuite, il débute habilement par une relecture particulièrement vive et intéressante de la vie de Bentham. Loin de se contenter de la classique biographie, Jean-Pierre Cléro propose une relecture des différents évènements qui, selon lui, ont structuré la vie de Bentham tout en délivrant des clés qui permettront de mieux comprendre l’évolution de sa pensée. Sans sombrer dans la facilité d’une « psychologisation biographique », il s’agit bien plutôt de comprendre l’auteur à travers des éléments marquants de sa vie. A ce titre, les phrases d’ouverture et de clôture de cette partie biographique sont particulièrement éclairantes et intéressantes quant aux possibili...