Martha Nussbaum, à l'instar de Cavell ou de Murdoch, appuie sa pratique de la philosophie morale sur une analyse précise de textes littéraires. Dans cet article, on montre que ce recours à la littérature n'est pas illustratif, mais est cohérent avec un ensemble de thèses substantielles sur la nature même de la pensée morale et sur la méthode adaptée à la philosophie morale. C'est parce qu'elle accorde un poids particulier aux êtres et aux objets particuliers en éthique, ainsi qu'aux conflits, et…
Read moreMartha Nussbaum, à l'instar de Cavell ou de Murdoch, appuie sa pratique de la philosophie morale sur une analyse précise de textes littéraires. Dans cet article, on montre que ce recours à la littérature n'est pas illustratif, mais est cohérent avec un ensemble de thèses substantielles sur la nature même de la pensée morale et sur la méthode adaptée à la philosophie morale. C'est parce qu'elle accorde un poids particulier aux êtres et aux objets particuliers en éthique, ainsi qu'aux conflits, et à la portée cognitive des émotions que Nussbaum peut considérer certains textes littéraires particuliers comme des exemples de philosophie morale. Cela explique également certaines caractéristiques de son propre style philosophique, en particulier son usage particulier du « je ». For Martha Nussbaum, as well as for Cavell or Murdoch, moral philosophy relies heavily on detailed analysis of literary texts. This paper shows that this use of literature in ethics, far from being only illustrative, is consistent with a set of substantial thesis on the nature of moral thought and on the method appropriate for moral philosophy. Nussbaum considers that some literary texts are instances of moral philosophy because she sees the individuality of beings and things, as well as conflicts, as crucial elements in ethics, and also because she attributes to emotions a cognitive aspect. These characteristics shed some light on some particularities of her own style, such as a remarkable use of the first person